www.sophieloubaton.com/

_ photographies, etc.

  • nouveau
  • cultures
  • villes,bords,périphéries
    • SEINE SAINT DENIS 2030
  • travail
  • société
    • politique
  • architectures
  • corporate
    • medical
  • workshops
    • saint germain en laye
    • la courneuve
    • aux mureaux
    • laboPHOTO[rezo]:socio_graphique
    • à nanterre
    • et ailleurs…
  • publications
    • presse
    • interviews
  • archives
    • archives disponibles sur hanslucas.com
    • archives disponibles sur photoshelter
    • archives accès réservé
    • archives en cours
      • OSICA
      • la maison des familles
  • bric-à-brac
    • espace obligé
    • garder le contact
    • entre nous
    • brouillard journalier
    • multimédia
    • tous mes voeux
    • collections
    • louise michel
    • HISTOIRES DE photographies
  • TOUS NOS VOEUX
  • instagram
  • sophie ?
    • >>> 1994
    • 1994 >>>
    • contact=

le mobile homme

Le travailleur MOBILE, incarnation parfaite de la FLEXIBILITÉ standardisée ?
----- Les zones hôtelières permettent une gestion de la main-d’œuvre souple et adaptée aux besoins des entreprises. Comme les plates-formes logistiques concentrent et redistribuent les pièces détachées et les marchandises, ces nouveaux faubourgs fonctionnels rassemblent et mettent à disposition les travailleurs nomades là où leur force de travail est nécessaire. Dans leurs véhicules de société, blancs car moins chers, ils transportent leurs instruments de travail. Leur atelier les suit.
----- D’un Formule 1 à l’autre, les clients retrouvent les mêmes décors, les mêmes ambiances, les mêmes concepts comme on dit dans le marketing. Et aussi l’exiguïté de chambres dans lesquelles le présentateur de la télévision semble lui aussi se sentir à l’étroit.
----- La rationalisation de la construction et de l’aménagement de ces hôtels conduit à la négation de toute différenciation régionale. Au réveil les voyageurs doivent avoir du mal à se localiser. De jour comme de nuit les panneaux et les néons répètent des formes et des mêmes couleurs identiques. Tout un univers qui uniformise et banalise l’espace : une standardisation qui est significative d’appauvrissement. La trame des voies de communication, la présence répétée des mêmes groupes commerciaux, industriels ou hôteliers, finit par effacer toute singularité dans ces franges urbaines.
----- Au petit matin, c’est en civil que l’on descend de sa chambre, la diversité semble alors se réfugier sur les visages et les vêtements. Que certains pourtant doivent troquer pour une tenue de travail qui réduit encore le peu de fantaisie de cet univers. Le béton est roi, les rapports marchands cyniques avec l’affichage des prix en énormes caractères. Les corps des hommes, leur maintien, leurs mains, paraissent bien fragiles dans un monde prêt à les broyer.
----- Il n’y a guère de femmes en semaine dans ces hôtels. Les hommes, moins en charge des enfants, peuvent consacrer la semaine à leur employeur, tout près de leur lieu de travail. Une forme d’aliénation, dans un confort relatif, mais aussi dans une lassitude probable devant la monotonie récurrente de la répétition à l’infini des mêmes décors. La diversité du monde s’émousse, usée par la logique de la production qui rationalise sans cesse. Une logique mortifère à en juger par la désespérance qui sourd de certains de ces paysages. Zones industrielles, zones d’activité, zones hôtelières. Peut-être faut-il voir dans ce zonage très fonctionnaliste, bien en phase avec la mondialisation de l’économie, l’une des raisons de cette uniformisation des lieux de vie et de travail.
Monique et Michel Pinçon-Charlot, sociologues. in REGARDS, mars 2006.

Project Type

  • #villes, bords, périphéries
sophie loubaton _ photographe / © 2021
Use arrows for navigation