>>>> 10h24 : j'ai commencé ma journée non pas à ma fenêtre mais dans la rue pour aller faire des repérages pour une commande de portrait pour un magazine, demain. Je suis près de l'hôpital André Grégoire de Montreuil et au loin j'aperçois ce couple à l'allure étonnante. Je me rapproche et les hèle. Laurent est menuisier, et à confectionné pour lui et sa femme ce dispositif impressionnant. Je n'arrive pas trop à trancher entre le Schtreimmel de Rabbi Jacob et un costume d'extra terrestre, je leur trouve du cran, du talent et une classe certaine dans le port du masque barrière.
>>>> 11h53 : De retour chez moi, je croise Kevin et Elise qui regardaient la photo grand format du jour que j'avais accrochée sur ma porte. Kevin me demande si c'est moi qui prend des photos de ma fenêtre, parce que lui aussi en fait aussi, mais de son balcon au rez-de-chaussée, à la chambre. Il développe ses plans dans sa salle de bain. 25 rue de Vitry, c'est pas loin, j'y passerai sans faute.
>>>> J'ai accroché ma pancarte vers 15h00. A 15h25, je fais la connaissance d'Anthony, Pauline et Isaac, 6 mois. Ils travaillent tous les deux dans l'univers du BTP et de la construction. Paradoxalement, dit Pauline, le confinement à des aspects positifs, cela nous permet de rester avec Isaac. On n'aurait jamais pu passer tout ce temps tous les trois sinon.
>>>> 15h35 : Myriam et Jasmine. Jasmine dit qu'elle aime bien les photos que je colle sur la porte et qui changent tous les 2 ou 3 jours ; "ce sont des moments sympas pendant le confinement".
>>>> 15h55 : Rodrigue et Nadia.Après leur avoir envoyé leur photo, Nadia m'a répondu : "Nous prenons souvent cette rue car nous l'a trouvons très agréable. Les maisons ne se ressemblent pas et ont chacune leurs petits détails...cette rue nous invite à ouvrir grand les yeux."
>>>> 15h58 : Chantal me raconte qu'elle fait des photos dans Montreuil, elle les publie sur son profil Facebook (Chantal Regnault). Je fais partie, à ma fenêtre des gens qu'elle collectionne à sa façon.Comme presque toujours sur les photos, arroseur arrosé, je me trouve l'air tarte.
>>>> 16h27 : Cédric et Isabelle. Habitant à quelques encablures à Fontenay, Cédric connaissait la rue juste pour l'avoir prise tous les jours en voiture pour se rendre à son travail. Il y revient à pieds pour la faire découvrir à sa famille. Cédric me demande aussi l'air amusé pourquoi je fais ce projet gratuitement ; comme le dis ma pancarte, pour faire plaisir aux passants. Je me fais aussi plaisir dans la rencontre et la trace photographique qu'elle laisse ; la distanciation sociale est une épreuve pour tout le monde. J'aime la solitude, mais choisie, et je déteste les figures imposées (si nécessaires soient-elles), à moi comme aux autres. J'essaye, à ma façon et à ma petite échelle de résoudre ce malaise.
>>>> 15h32 : Laurette et Charline, je les connais depuis un moment, leurs parents aussi, par l'école, qui nous a fait rencontrer tellement de monde dans le quartier.
>>>> 16h50 : Paul. Est ce que la consommation d'alcool a augmenté avec le confinement ? C'est la question a éclaircir, peut-être, en estimant de façon empirique évidemment, le taux de remplissage ou de débordement du container à verre sur le rond-point (on en parlera pas de notre cas personnel, j'invoque la discrétion sur ce point, d'ailleurs, ouf, la photo est sobre).
>>>> 16h50 : Mardi, le premier jour, Luca et Inès étaient passés avec leur maman, Anais, aujourd'hui, portrait avec Thomas, en version paternelle.
>>>> 17h27 : Ethel et Colin. Avec Ethel on se connait depuis... beaucoup d'années, tellement d'années qu'on aurait besoin de plusieurs mains pour les compter.
Je crois qu'on devait avoir une vingtaine d'années, même pas, à l'école d'archi. Après quelques années passées chacune à droite à gauche, dans des projets différents...
nous sommes maintenant voisines et nos enfants Esther et Colin sont très amis, après avoir été à l'école ensemble aussi, pendant 8 ans.