#le brouillard journalier
Brouillard* journalier. 1996-2022
Juin 1996 : clouée dans mon lit pour raisons médicales, réduite au chômage technique, je fais l’acquisition d’un Rollei 35, un petit appareil photo, léger, toujours à portée de main qui me sert à faire des images de mon quotidien immobile. Puis j’inscris à la main des mots qui viennent enrichir les clichés que je tire dans ma chambre noire ; les téléphones portables et leurs capteurs photo n'existaient pas encore.
2022. Depuis des années, mon Rollei argentique sommeille dans un placard, il a été remplacé par une collection de petits boîtiers numériques, de qualité inégale, au début surtout. Les images sont consignées dans des disques durs mais aussi imprimées dans des cahiers, chronologiques. Reliés, cousus, agrafés, bricolés, ils occupent un mur entier de mon bureau.
Depuis plus de 20 ans, la photographie, me construit ; elle m’a libérée d’une timidité envahissante dont je ne voulais plus. Je la vis et la pratique comme une démarche d’ouverture aux autres tout autant qu’une écriture artistique, un média, une technique. Elle m’enrichit en permanence. D’un côté, le travail que je montre, « les sujets », « les commandes », celui qui me donne un statut professionnel et une existence économique et dans lequel je m’engage plastiquement et intellectuellement, et de l’autre, celui que je construis tous les jours plus spontanément, sur le vif et sans cahier des charges, mais dont je charge des cahiers inlassablement. De ce travail, je ne restitue que des bribes.
Il couvre une période de 26 ans à ce jour. Au jour le jour, des extraits sont visibles sur instagram
* Sens initial de manuscrit, brouillon (Le Robert, dictionnaire historique de la Langue Française). Aujourd'hui, on entend *brouillard* par livre de « compte » journalier.