

























PRODUITS FINIS OU PIÈCES DÉTACHÉES, LES MARCHANDISES STOCKÉES À L’HORIZONTALE DANS DE VASTES ENTREPÔTS AUX DIMENSIONS INHUMAINES AGRÉMENTENT LA CAMPAGNE, ÇA ET LÀ, D’INTERMINABLES CONSTRUCTIONS LONGILIGNES…
– Au cœur de la ZAC Parisud, sur la commune de Lieusaint (Seine et Marne), la société Pro Logis, lieu d’investissement de fonds de pension américains, est propriétaire de cette plateforme logistique.
– Son adresse, rue de Belgique, est dispensée de numérotation : on ne peut manquer ces hangars qui se déploient à perte de vue. Une image du capitalisme mondialisé qui étale à l’infini ses installations. Les camions sont vecteurs de ces réseaux qui maillent aujourd’hui les pays développés. Pas de nom de firmes sur leurs flancs, sauf éventuellement celui de l’entreprise de transport, pardon, de logistique, qui véhiculera des éléments de moteurs, des stylos bille, des meubles, au gré des approvisionnements urgents des magasins et des usines.
– Gares de triage de la nouvelle économie, il lui faut réagir vite pour participer à l’irrigation incessante du travail et du commerce. La logistique, un terme apparu d’abord dans le langage de l’art militaire pour désigner « les problèmes de transport et de ravitaillement des armées », selon le dictionnaire Lexis (Larousse). Pas étonnant que les stratèges de la guerre économique l’aient repris à leur compte. Usines et supermarchés doivent être alimentés sans rupture dans la chaîne, sans engorgement non plus : la bataille sera gagnée à ce prix.
Monique et Michel Pinçon-Charlot, sociologues. in REGARDS, octobre 2005.